Le grand plongeon de Mir
Le compte à rebours à commencé. Dans quelques mois, Mir ne sera
plus qu'un beau souvenir. Incendies, collisions, rencontres au sommet entre astronautes
...la STATION ORBITALE, qui a défrayé la chronique, va finir dans l'océan.
Mais comment fait -on DESCENDRE
un mastodonte de 130t sur terre?
Seule une station orbitale comme Mir permet d'apprendre à vivre
dans l'espace, en prévision de voyages futurs. Beaucoup d'experts estiment que faire des
tours et des galipettes autour de la terre ne sert plus à grand-chose, aujourd'hui, et
que ce grand "manège" cosmique coûte cher.
Alors pourquoi l'éliminer?
Une question reste. Pourquoi se débarrasser à tout prix de Mir? Les
Américains ont demandé aux Russes d'éliminer Mir le plus vite possible. Ils veulent que
les Russes concentrent leurs ressources sur la nouvelle station spatiale internationale
(l'ISS) dont le programme est déjà en retard de plusieurs années... Ils savent
que les Russes n'ont pas les moyens financiers de gérer deux stations à la fois.
Pendant que ça discute, toutes les équipes d' ingénieurs et de
techniciens s'impatientent. L'ISS devait coûter 17 milliards de dollars. Elle
coûtera au minimum 24 milliards de dollars( soit le prix d'un bon gros tunnel sous la
manche).
Pourquoi envoyer Mir par le fond?
Pourquoi ne pas simplement la laisser flotter dans l'espace comme tant d'autres déchets
spatiaux (bouts de fusée, panneaux solaires, vieux satellites etc...)?
La principale
raison tient à la sécurité. La future station spatiale internationale occupera grosso
modo la même orbite que Mir ( 51.6° de latitude par rapport à l'équateur). Le risque
de collision est très faible. Mais on ne peut abandonner la station sur cette orbite sans
contrôle (on ignorerait alors le moment et l'endroit d'un possible télescopage).
Le scénario du crash:
L'astuce consiste d'abord à faire descendre ce monstre de 130t sur une
orbite plus basse. Le processus est en marche. Actuellement, Mir n'est plus qu'à 360km de
la terre, au lieu de 390km, son orbite habituelle. D'ici 8 à 9 mois, la station sera
descendue plus bas encore, à 300km d'altitude, freinée par deux vaisseaux progress, ces
petits cargos spatiaux qui apportent vivres et carburant à ses habitants. Mir volera
alors à près de 28000km par heure.
Le scénario du
crash?
Imaginez que Mir soit un caillou plat et
que les hautes couches de l'atmosphère forment une surface comme celle d'un lac. Ca vous
rappelle quelque chose?
Plus le caillou tape bien à l'horizontale la surface, plus il a de chances de faire
des ricochets et donc de ne pas couler. Si on veut couler le caillou, il faut faire deux
choses:
soit le lancer moins fort( moins vite),
soit le lancer
plus verticalement.
Dans le premier cas, il ne rebondit pas car la vitesse est assez
faible. Dans le second, c'est l'angle d'attaque qui est assez grand, et quelle que soit la
vitesse du caillou, il pénètre dans l'eau.
Pour Mir, c'est à peu près la même histoire. Il faut freiner la station pour
qu'elle rentre avec un bon angle dans les couches de l'atmosphère et n'aille pas rebondir ailleurs.
Le frein?
Un dernier vaisseau Progress, cargo automatique qui peut servir de
ralentisseur spatial. Bourré d'ergol ( le carburant des fusées) et amarré à Mir, il la
poussera dans le sens inverse de sa course. Un peu comme si une locomotive rattrapait des
wagons lancés à vive allure, passait devant et freinait pour les arrêter. Mir ne
s'arrête pas, mais sa vitesse sera trop faible pour rester en orbite, et elle plongera
comme une météorite. Direction l'océan Pacifique. Affolement des mouettes prévisible
au large de la nouvelle- Zélande, lieu de la chute probable.
Mir brûlera à 95 % en rentrant dans l' atmosphère. Seule une boule de métal
récalcitrante de 5 à 6 t et quelques gros fragments devraient atteindre la surface de
l'eau.
D'après SV Junior et Alexandre et Pascal.